lundi 1 octobre 2012

"Vivre", deuxième année...

Introduction à la publication de la deuxième année de Vivre

Voici à présent les numéros de la deuxième année de publication de la revue Vivre, du n°11 du mois  de Janvier au n°22 du mois de décembre 1927.
C'est une année marquante, puisque forte de son succès, cette simple revue devient également la ligue de régénérescence physique et mentale, invitant tous les lecteurs à devenir militants et « propagandistes » de la cause naturiste.
Le contenu de la revue s'enrichit, ouvrant notamment la rubrique « Quelles sont vos opinions, vos idées ? » permettant aux lecteurs de participer aux réflexions dans un débat ouvert à la contradiction.

Il est impossible d'évoquer tous les sujets abordés dans les pages de cette deuxièmes année tant il y en a, cependant, deux grandes idées me semblent importantes à mettre en exergue, car elles permettent de comprendre en profondeur les motivations du combat naturiste :


Le Nu entre en scène

Dans la première année de Vivre, nous avions observé la place pour le moins anecdotique occupée par la nudité dans l'esprit des rédacteurs. Elle était certes recommandée pour faciliter les exercices physiques, mais elle était somme toute assez relative : « l'allègement » de la tenue sportive était plutôt de mise, se réduisant le plus souvent au « strict nécessaire », à savoir un caleçon et un maillot de corps, la nudité intégrale étant plutôt idéale qu'effective.
Il faut comprendre aussi qu'aux yeux de la morale pudimaniaque de l'époque, cette « petite tenue » était déjà scandaleuse. (Ce qui permet de rappeler que le maillot de bain est en soi une « victoire » du naturisme!)
C'est précisément dans ce contexte qu'est intenté en 1927 un procès contre le danseur et collaborateur de la revue, Malkovsky, procès finalement remporté par ce dernier, ayant pour motif la « nudité » affichée lors de l'une de ses représentations artistiques.
Marcel Kienné de Mongeot l'affirmera des années plus tard, ce procès moraliste fut un véritable coup de tonnerre qui, d'un seul coup, assembla toutes les idées de Vivre en une synthèse logiquement intitulée : le Naturisme Intégral.

Première réponse de Kienné de Mongeot aux pudimanes : « La nudité en elle-même, lorsqu'elle est belle, n'est jamais indécente. C'est l'esprit qui l'anime qui peut la rendre indécente ou encore celui qui la contemple. » (Vivre n°12)
Suivie de la même inspiration spirituelle : « La pratique du naturisme cadre, on ne peut mieux, avec la morale chrétienne. N'exige-t'il point la frugalité, la sobriété, la chasteté -dans le sens réel du mot-, l'amour de la vie simple et saine, le respect de soi-même qui implique le respect dû aux autres? Celui qui vit selon ces principes est charitable, parce qu'il aime ce qui est beau et que rien n'est beau comme d'apaiser les souffrances de ses semblables. » (Vivre n°17)

Car le nudisme enfin mis en avant est, ainsi que le sont toutes les autres disciplines du naturisme, une hygiène nécessaire à l'équilibre de l'organisme (tant physique que moral), permettant le contact essentiel des éléments naturels que sont l'air, la lumière solaire et l'eau principalement, avec leurs vertus dynamisantes, nutritives, dépuratives, curatives et régénératrices.

Le Dr Fougerat de Lastours, dans les articles extraits de sa thèse de médecine « L'Homme et la Lumière », analyse le spectre solaire, ses effets bénéfiques sur la peau* et l'ensemble des organes externes et internes, dont le système hormonal et endocrinien, pour tenter ensuite une compréhension de l'apparition de la morale pudimaniaque, qui se révèle être particulièrement pathogène, et même meurtrière.

Cette question de la nudité soulèvera nombre de réflexions parmi les lecteurs, parfois élitistes et sélectives, n'autorisant la nudité intégrale qu'aux seules « belles personnes », mais la réponse des rédacteur n'en sera que plus claire : certes elle est difficile, et nécessitera une application progressive pour les « générations d'atrophiés » que nous sommes, et certes, le beau, le sain et le vrai sont étroitement liés ; pour autant, la nudité étant une démarche thérapeutique, rééducative, elle doit être accessible à tous, et sa mise en application rationnelle et cohérente rendra chacun plus sain, plus vrai et plus beau !

« Le Nu fait partie du Naturisme intégral; son acceptation implique obligatoirement la pratique de tous ses autres principes: alimentation rationelle, exercice et hydrothérapie. L'équilibre physique et mental en est le résultat. » (Marcel Kienné de Mongeot, Vivre n°15)

*La peau, ainsi que nous le montrent les autres rédacteurs de la revue, est véritablement un deuxième cœur, un troisième poumon et un troisième rein, en plus de ses qualités sensitives propres.

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Notre Espèce et nous

La mise en pratique du Naturisme intégral demandera à chacun plus ou moins d'efforts, de travail sur soi, de résistance aux tentations pathogènes, et face à un monde qui marche sur la tête, à une société qui ne veut rien entendre et qui court à sa perte, nous sommes en droit de nous demander : « -Finalement, à quoi bon ? »
Et à ceux qui seraient tentés de se laisser aller au naufrage, ou qui justifient leur habitudes néfastes par la coutumière réplique : « Je fais bien ce que je veux, puisque je ne fais de mal à personne ! », Kienné de Mongeot met en garde : « Faire tort à soi-même, c'est faire tort aux autres, à tous ! »(Vivre n°13) et d'ajouter plus sévèrement encore : « Celui qui (...) se manque de respect, nuit à la société en amoindrissant une de ses cellules: il se disqualifie et se met au ban de l'humanité. » (Vivre n°20)

Car pour répondre à l'individualisme-nihiliste qui ne voit plus aucune raison à notre existence que l'absurdité et le non-sens, le naturisme affirme clairement et fortement que nous avons la responsabilité de notre espèce, de son évolution :
En naissant, nous héritons du patrimoine de notre espèce humaine. Mais non seulement nous en sommes dotés, mais plus encore il nous est confié, afin que chacun en prenne soin, le régénère si besoin, et puisse en transmettre l'échantillon le plus sain possible aux générations à venir.
Et pour ce faire, il n'est pas inutile, loin de là, de porter un regard critique sur notre culture ainsi que sur l'éducation donnée au jeunes générations...

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J'aurai envie de développer toujours plus ces points, et aborder ceux qui leurs sont intimement liés, comme la culture et l'éducation des enfants par exemple, mais il me paraît préférable de vous laisser découvrir tout cela dans les pages de cette deuxième année de Vivre.

Je concluerai par ces quelques mots définissant le Naturisme Intégral, empruntés pour les deux premiers au Dr Marcel Viard et pour les deux derniers à Marcel Kienné de Mongeot en les reformulant ainsi :


« Les fondements du Naturisme Intégral sont la sobriété et l'hygiène ;
le Naturisme Intégral est un acte de courage et de confiance... »


Bonne lecture !

Vivre n°11 - 15 Janvier 1927

Vivre n°12 - Février 1927

Vivre n°13 - Mars 1927
Vivre n°14 - Avril 1927

Vivre n°15 - Mai 1927
Vivre n° 16 - Juin 1927

Vivre n°17 - Juillet 1927
Vivre n°18 - Août 1927

Vivre n°19 - Septembre 1927
Vivre n°20 - Octobre 1927

Vivre n°21 - Novembre 1927
Vivre n°22 - Décembre 1927