mercredi 18 avril 2012

2012, an zéro du changement d'ère ?

(A propos de la Charte de Terre et Humanisme)
Charte en mode texte sur le site du  Mouvement Colibri
Il y a cinq ans déjà, un mien ami, le Professeur Frédéric JACQUEMART (1), nous mettait sous les yeux une vingtaine de courbes d’évolution des paramètres les plus significatifs de la marche de nos Sociétés.
Toutes atteignaient leur asymptote (2) autour de l’An 2015…
Autrement dit, aucune perspective de poursuite de nos modes de vie n’est envisageable au-delà !
Et qu’on affuble ou non d’épithètes rassurantes notre mythe de la croissance indéfinie –tel le très consensuel adjectif « durable » !-, rien n’y peut faire.
Comme le disait naguère l’économiste Kenneth BOULDING : « Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut durer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soi un économiste ! ». Raillant déjà l’imbécillité congénitale et rédhibitoire de toute la classe des managers, comptables et autres traders qui se sont emparés des rênes du destin de toute l’Humanité. Et, par contre-coup, des destinées de notre belle Planète Bleue elle-même.

Il y a 40 ans, le Club de Rome (3), les pères-fondateurs de l’écologie politique, les jeunes hippies soixante-huitards, les vieux sages du Naturisme (et les nouveaux !), d’innombrables  autres voix convergentes, clamaient l’inanité d’un « Système » en train de s’emballer et glissant tout droit vers l’abîme.
Elles appelaient à la mise en perspective urgente de notre idéologie du « toujours plus », de notre religion obscurantiste d’un « progrès » technologique indéfiniment salvateur. Elles rappelaient notre interdépendance ontologique incontournable au sein de la Nature et du Vivant. Elles proposaient déjà des voies alternatives pionnières…
Rien n’y fit ! Clameurs dans le désert des certitudes !

Pourtant, une de ces voix, la plus « désertique » de toutes sans doute, puisqu’elle émanait d’un obscur « immigré » sahraoui, échoué qui plus est dans l’un des « trous » les plus arides du plus improbable des départements français, l’Ardèche, finit par percer la conspiration du silence! En appelant à « l’insurrection des consciences », en démontrant par la pratique qu’« un autre monde est possible », Pierre RABHI faillit même en 2002 disposer de la tribune de la campagne présidentielle (il ne lui manqua que quelques signatures sur les 500 requises) pour interpeller les Français et leur faire entendre les évidences massives que nous venons d’évoquer. Dommage ! Les choses auraient sans doute pris un autre cours…
Néanmoins, son cri, ses écrits, ses initiatives, son charisme, sa sincérité, ont rallié à sa croisade d’innombrables « réveillé(e)s » de tous âges. Et dans le Monde entier.
Toute son œuvre est structurée autour de l’idée fondatrice que « de l’humus à l’humain » (voire au-delà !), il y continuum. Elle se trouve très clairement déclinée dans la Charte de son Mouvement fédérateur « Terre et Humanisme » dont nous offrons aujourd’hui la lecture stimulante à nos visiteurs (voir ci-après).


En effet, notre mouvance du Vivre d’Abord ! s’y reconnaît sans l’ombre d’une réserve.
Nous tenons même à souligner que le corpus de pensées sur lequel se sont construits le Naturisme et la Gymnosophie des origines s’y retrouve en intégralité. Pratique de la Nudité exceptée, pour l’instant, vu les ambiguïtés qui flottent autour d’elle. 
L’ANEP n’en déplore que plus d’avoir dû assister pendant près de 50 ans à la complète hémorragie de ces hautes valeurs porteuses d’espoir, hors du grands corps malade de notre Mouvement.
Car on ne doit pas perdre de vue que ce dernier avait été pionnier dès la fin de la Guerre de 14-18, dans toute l’Europe et singulièrement en Allemagne et en France, pour tenter d’asseoir ce nouveau paradigme civilisateur. Il avait su imposer l’évidence qu’à défaut de s’y engager, aucune voie d’avenir n’était possible ; ni économiquement, ni écologiquement, ni éthiquement, ni existentiellement, ni spirituellement. Et qu’aucun Bonheur de Vivre réellement épanouissant n’était de ce fait envisageable au fond de cette impasse. Ce que l’Histoire ultérieure a, hélas, tragiquement confirmé !
Aujourd’hui, le Naturisme officiel n’est plus perçu, au mieux, que comme un petit confort estival, hédoniste, égocentriste et légèrement farfelu. Quand il n’est pas synonyme, dans l’esprit du grand public télévisuel, de pandémonium « sexuel » échevelé !… Tant il a, de « tolérances » contradictoires en consensus invertébré, perdu complètement de vue sa vocation et sa mission d’éveilleur des consciences et d’orientateur « politique » ! Politique, bien évidemment, dans le sens originel de « tout ce qui concerne la vie en Société »…

L’actualité nous montre cruellement que ce n’est manifestement pas dans les « programmes » éculés qu’osent encore ressortir de leurs boîtes à outils les candidats à la prochaine élection présidentielle, qu’on risque de trouver ne serait-ce que les prémices de ce nouveau paradigme ! Même pas, ô désespoir !, chez les ci-devant « écologistes », tout occupés à se faire réserver un strapontin à l’ombre électoralement porteuse du « gros frère » libéral-socialiste !…
 C’est pourquoi nous faisons plus confiance au « Génie créateur de la Société Civile », autour du slogan « Tous Candidats ! » de Pierre RABHI (4), qu’à toutes les professions de foi plus ou moins hallucinées des derniers camelots d’un « modèle » obsolète. Et finalement, hélas, bien plus encore qu’au « souffle » expirant de La Définition dans laquelle a été momifié l’Esprit Révolutionnaire intrinsèque du Naturisme Gymnique (lire à cet égard le conte philosophique de Julien WOLGA, mon successeur comme président démissionnaire des Jeunesses Naturistes de France).

Nous invitons donc tou(te)s les ami(e)s en ligne de Vivre d’Abord ! à faire connaissance avec la Charte proposée par Terre et Humanisme, ainsi qu’avec les liens que nous « caftons » à la suite de cet article. Car aujourd’hui, de multiples horizons jusqu’ici séparés par d’étanches cloisons (sciences de pointe, psychologies transpersonnelles, désirs et imaginaire, réalisation spirituelle, créativités artistiques, etc…), surgissent des visions convergentes de la Réalité ultime du Vivant. Elles s’enrichissent mutuellement, font exploser les oppositions prétendument irréductibles, ébranlent les dogmes sclérosants et redonnent sa pleine richesse au concept inépuisable de « Nature », tout à la fois une et foisonnante (5).



Bonne lecture ! Et n’hésitez pas à vous exprimer. L’enrichissement des Idées vient toujours  d’un échange apaisé entre esprits ouverts, empathiques, réfléchis et sans préjugés…

Amitiés à chacune, à chacun de ceux et celles qui se profilent derrière les 13.922 visites enregistrées  à ce jour sur notre blog ! Et à toutes celles et ceux qui entr’ouvrent pour la première fois notre « petite lucarne » !



Michel PIVERT
Président-fondateur de l'ANEP




(1) Dr. en médecine, Dr. en sciences, ancien  de Médecins sans frontières, ancien chercheur (démissionnaire) de l’Institut Pasteur, fondateur du GIET (Groupe International d’Etudes Transdiciplinaires), refondateur de la FRAPNA-Ardèche (Fédération Rhône-Alpes de Protection de la Nature), actuellement grand  pourfendeur des OGM.
(2) Limite infranchissable de toute forme de développement dit « exponentiel », c’est à dire accéléré par sa propre croissance.
(3) « Think tank » multinational fondé en 1968 par le vice-président de la firme OLIVETTI, Aurélio PECCEI, réunissant autour du thème des limites de La Croissance, tout un panel de scientifiques, d’économistes, de philosophes, d’hommes d’affaires humanistes…
(4) A lire : Eloge du génie créateur de la Société Civile et La sobriété heureuse de Pierre RABHI aux éditions Actes Sud, ainsi que Graines de possibles (entretiens avec Nicolas HULOT) aux éditions Calmann-Levy
(5) Terre et Humanisme : www.terre-humanisme.org
Dans cet esprit, nous recommandons vivement  de se reporter également aux évènements et publications de l’INREES : http://www.inrees.org
De même qu’au magnifique travail de conscience de l’équipe de « Rêve de Femmes » : www.revedefemmes.net.

mercredi 11 avril 2012

Naturisme et Spiritualité...

En marge du congrès 2012 de la Fédération Française de Naturisme est initié un débat autour du sujet "Naturisme et Spiritualité".
L'ordre du jour y est proposé comme suit:

-Faire connaissance : chacun est invité à s’exprimer sur son vécu...et son intérêt pour ce thème de réflexion.
-Chacun dit comment il pourrait définir la spiritualité, en quelques mots (on supposera que chacune et chacun
sait ce qu’est le naturisme)
-On développe ensuite les liens entre naturisme et spiritualité.
-Quels écrits connaissons-nous sur ce thème ?
-Comment peut-on communiquer sur ce thème : articles dans Nat Mag, 3N, forum sur site FFN, conférences, autres.
-Autres points


Ne pouvant nous y déplacer, nous avons donc fait passer nos participations écrites, les voici ci-dessous, telles-quelles...

°

Contribution de Michel PIVERT à
la réflexion proposée sur les rapports entre
Naturisme et Spiritualité
(...), m’a communiqué le plan que Paul RHETORE (actuel Président de la Fédération Française de Naturisme) souhaite voir suivre par les intervenants qui voudont bien participer de vive voix ou médiatiquement, au débat. Je l’ai trouvé très judicieux et je m’y range donc bien volontiers.
I - Je me présente.

Michel PIVERT. Rentré en Naturisme…le jour de ma naissance (et même 9 mois auparavant !).
J’ai rejoint le Mouvement qui portait  ce bel idéal de Vie dès mes 14 ans, avec la bénédiction de ma mère. J’y ai été chaleureusement accueilli par Albert et Christiane LECOCQ qui en étaient alors les principaux animateurs. Rapidement, j’ai, comme on dit, « pris du galon » ! Il faut dire qu’à l’époque, on ne se bousculait pas au portillon des responsabilités… Surtout en gardant son nom d’état civil ! La peur du qu’en-dira-t-on …

J’ai ainsi activement  participé à la création d’un des premiers clubs ouvert à une jeunesse qui, dans ces années-là ,se sentait fortement attirée par la vie naturiste. Il prit le nom de « Juvénia » et fut rattaché aux Compagnons Campeurs de France de Lucien AUZIAS) Les portes de l’Institution fédérale m’ont donc été assez tôt (entr’ !) ouvertes. Au début des années 60, j’ai proposé de fédérer les quelques 12 groupements de jeunes existant alors. Je devins ainsi Secrétaire Général  du CNJN (Comité National de la Jeunesse Naturiste). On peut se reporter à cet épisode de l’Histoire du Mouvement en lisant notre « Manifeste » diffusé à partir de 1963.


J’ai par ailleurs apporté ma pierre  -comme je le fais présentement !- à la réflexion qui battait alors son plein sur le devenir du Mouvement. Ceci sous la forme de nombreux articles que j’ai produits,à partir de là, pour les magazines naturistes alors en plein essor : « La Vie au Soleil », « La Revue Naturiste Internationale » (40.000 lecteurs mensuels !), « Vivre d’Abord ! », « Jeunesse et Avenir »…

Suite à cet « activisme », en 1966, Marcel KIENNE de MONGEOT, le patriarche de la gymnosophie, me fit l’insigne honneur de me désigner comme son héritier spirituel, de préférence à Albert LECOCQ…Il le jugeait en effet trop engagé dans la « commercialisation » du Mouvement que lui soufflait comme étant incontournable toute une Cour intéressée de promoteurs et de financiers. Il n’avait pas imaginé à quel point c’était là me faire un cadeau empoisonné ! Aussi n’ai-je pas tardé à être mis sur la touche par les courtisans de « Pépé ». Quant à lui, il m’a personnellement gardé toute son affectueuse estime, jusqu’à sa mort en 1969.

Peu de temps après, j’ai émigré en Provence pour tenter de reprendre la suite de Georges et Pierrette BOUDOU, les créateurs de « La Chataigneraie », le mythique Centre de Vacances des Gorges de l’Ardèche. Mais vu le différentiel de moyens, la SOCNAT m’a doublé sans mal ! Elle a  néanmoins mis la clef sous la porte au bout de trois saisons…Exit « La Chataigneraie ». 
En 1983, je suis appelé à Paris pour relancer « La Vie au Soleil » qui ne paraissait plus depuis un an. J’en devins brièvement le rédac’chef avant que le titre, bien regonflé, ne soit revendu par son opportuniste propriétaire à des amis de…Jean-Marie LE PEN.

Entre-temps, en quête d’une voie d’épanouissement un peu plus « métaphysique » à proposer au Naturisme pour enrichir l’œuvre de pionniers, je m’étais engagé dans une exploration sans préjugés de divers enseignements dits « spirituels ». Orientaux, amérindiens, chrétiens… En chemin, j’ai découvert avec jubilation qu’aucun ne contrariait fondamentalement mon « crédo » naturo-gymnosophique. Bien au contraire !
Aujourd’hui, je poursuis toujours cette belle aventure de Vie…

Ah, j’oubliais : j’ai fait des études d’économiste avant de virer ma cutie vers l’écologie militante ! J’ai eu trois enfants, dont le plus jeune (14 ans), avec une « reine » de l’Ile du Levant, la Mecque légendaire du Naturisme… Un « couronnement » de mon parcours, en quelque sorte ! 

II – « Mon » Naturisme.

Je déteste les mots en « isme » ! Ils fleurent trop l’idéologie et le fanatisme. Le plus souvent, ils évoquent des « systèmes » rigides et réducteurs. Pire, ils finissent toujours par exploser en une gerbe d’intégrismes rivaux ; ils divisent et sont sources de conflits intarissables.

Mais alors, comment nommer cet appel viscéral de la « Nature » ? Cet élan à la fois exaltant et apaisant qui nous pousse du fond de notre être vers le Vivant, vers la Terre, vers le Cosmos ?

Car où commence-t-elle et où finit-elle cette « Nature » ?
Les senteurs mêlées d’une forêt, le chant céleste d’un oiseau, la course ondoyante d’un guépard, les teintes pastel d’un lever de Soleil, la douceur des seins de ma bien-aimée, l’immensité de la voûte étoilée, le bercement mélodieux de la mer, le sourire confiant d’un enfant… Sur chacune de ses manifestations, on pourrait mettre un mot…et en faire un « isme » ! Faisons-en plutôt un hymne !

Je me refuse donc à toute définition, forcément figeante  et sclérosante.
Je préfère me laisser porter par les ondes de mon ressenti et m’efforcer de mettre dessus des mots pas trop déformants, pour pouvoir éventuellement en parler avec justesse.

Ce profond « sentiment de la Nature » ne saurait se voir imposer des limites.
Sa poésie, la joie qui en émane, l’enthousiasme qu’il soulève tout au fond de notre corps et de notre conscience, se dissipent comme un mirage dès qu’on met un écran entre Elle et soi. C’est bien pourquoi la Nudité est toujours vécue, par les gens sincères avec eux-mêmes, comme le seul état dans lequel on peut réellement le vivre en toute plénitude ! « Faire corps avec Elle ! », s’exclame une récente publicité. Quel beau slogan ! « Faire corps et âme ! », ç’eut été encore plus beau !…

L’attitude, disons désormais naturienne dont on ressent l’exigence dès qu’on a pu faire cette expérience d’authenticité, consiste alors à rechercher la voie du moindre obstacle entre cette Source de Vie essentielle et soi-même. Jusqu’à ce que le miracle d’une communion fusionnelle s’opère.

« Mon » Naturisme requiert donc de savoir se dédouaner de tout ce qui peut entraver cette immersion de ma vie dans l’Océan de la Vie. Fuir toute artificialisation, toute dénaturation, tout dévoiement, tout détournement, tout corsetage, toute inhibition… Lâcher prise et faire confiance au Génie du Vivant qui, depuis la Nuit des Temps, affine sans relâche toutes les manifestations de la Création. La nôtre, l’humaine, notamment.

Et, dans cette belle renaissance à soi-même, rencontrer enfin « l’Autre » ! Dans sa propre identité.


III – « Ma » Spiritualité.

A partir de là, n’y aurait-il pas  comme l’évidence d’un continuum entre ce vécu naturiste disons « existentiel », en lien avec le Monde  « physique » et ce qu’il est convenu d’appeler la vie spirituelle, en lien, pour sa part, avec le Monde dit « métaphysique », ou plus précisement: transmatériel ?

EINSTEIN a interloqué la Science établie de son époque en prouvant l’évidence, cependant difficile à saisir, d’un continuum espace-temps ! Après lui, d’autres explorateurs de la Connaissance ont encore ouvert une autre porte sur la compréhension des racines de l’Univers en découvrant l’ultra-réalité du monde quantique ! Autant d’avant-gardes avancées qui, en un apparent paradoxe, avaient rejoint les intuitions ancestrales des aventuriers de l’Esprit, recueillies au plus profond de leurs méditations…

Plus aucun doute désormais –sauf pour quelques esprits obstinément fermés et qui rencontrent de moins en moins d’audience. Les limbes aient leurs âmes !…- : le Monde du Vivant se joue des clivages mentaux que les sens fractionnés et la cérébralité obtuse de la grande masse des hommes ont voulu plaquer sur lui depuis le « triomphe » ambigu  de la Raison Pure.

Entre matière inerte et « matière » vivante, entre corps et psyché, entre psyché et esprit, les illusoires barrières tombent une à une. Le caractère psycho-somatique de bien des maladies n’est plus à démontrer ! Et la proclamation des Anciens, « Mens sana in Corpore sano », reprend désormais tout son sens : à la fois constat, proclamation et objectif…

N’oublions pas que c’était déjà la devise fondatrice reprise par les pionniers du Naturisme dit « intégral » ! Ils démontraient, en outre, que cet « ardent idéal » n’était pas accessible autrement que par les voies de la Nature.

Qu’on appelle « matière » ce qui se passe à un « bout » de l’infini chemin de la Vie et « dieu » ce qui se passe à l’autre « bout », qu’importe ! La réalité d’un processus sans limites, sans commencement ni fin, sans hiatus, s’impose à nous ! Et notre existence nous en fait parcourir l’aventure aussi naturellement qu’une goutte d’eau dans la veine d’un courant !


IV -  La question d’un pont entre Naturisme et Spiritualité.

Si je me suis clairement exprimé et si le lecteur m’a suivi jusque là, on comprendra aisément que pour moi, la question d’un « lien » entre Naturisme et Spiritualité ne se pose même pas !


Ce « courant porteur » que je viens d’évoquer, c’est précisément cela , l’essence  du Naturisme !

En sortir nous condamne au même sort que la goutte d’eau qui viendrait à s’en échapper : s’évaporer et s’en retourner, sous forme de nuage, réalimenter, au mieux, la source ; au pire, se perdre dans les sables arides du désert…

Mais s’y maintenir dans une joyeuse adhésion, voilà  l’option naturiste authentique.
En affirmant cela, je sais que je me situe fidèlement au cœur-même  de la pensée de nos fondateurs.
Et l’accomplissement de la phase dite « spirituelle » de ce processus de confiance (de Foi pourrait-on dire !), nous ouvre à la traversée émerveillée de contrées insoupçonnées de la Vie.
Toute la stimulante beauté du Naturisme réside dans cette certitude libératrice. Il suffit de l ‘expérimenter pour s’en convaincre !

Descendons un jour ensemble, voulez-vous, les Gorges de l’Ardèche dont j’ai voulu faire dans cet esprit précisément une « réserve naturelle » et y maintenir coûte que coûte une présence naturiste ; dans ce lieu hautement initiatique, vous comprendrez par tous vos sens, par toute votre intelligence naturelle, ce que je veux dire ici…
Non, ce n’est pas pour rien que les premiers naturistes s’y étaient tant complus et qu’ils s’y étaient implantés : ils avaient senti qu’ils côtoyaient là les symboles les plus immédiatement intelligibles des plus grands Mystères de la Vie ! Même s’ils n’en étaient pas toujours conscients, l’émotion poignante qui les rendait si fidèles au lieu, exprimait mieux que des mots les « raisons » presque ontologiques qui les y attachaient.

Dans un registre plus traditionnel, savez-vous ce que Jésus répondit un jour à des disciples qui lui demandaient : « Dis-nous, Maître, qui est à l’origine des choses : la matière ou l’esprit ? ». Voici l’énigmatique et lumineuse réplique qu’il leur fit : « Si c’est l’esprit, c’est une merveille !. Et si c’est la matière, c’est une merveille de merveille ! »…Les laissant deviner par eux-mêmes que c’est l’union des deux qui soutient l’Univers !

Ne perdons jamais de vue que la plus grande mystique sans doute de l’Histoire de la Voie dite chrétienne que fut Marie-Magdeleine, commença d’abord par quitter les chemins mondains sans issue où elle s’était fourvoyée (sa fameuse « conversion », dans un élan d’Amour éperdu pour son « Rabbouni »).
Marie-Madeleine de Giampietrino
Elle reprit aussitôt le cours « naturel » de la Vie et de sa vraie destinée, pour finalement accomplir sa transcendance au sommet de la Sainte-Baume. Dans un éclat de lumière insoutenable, nous dit la Tradition. Là où la même Tradition note encore avec insistance qu’elle y vivait nue et dans « une heureuse sobriété  », comme dirait aujourd’hui mon ami Pierre RABHI !

Plus « naturiste » et plus « spirituelle » ?  Trouvez mieux !


V – « Mes » inspirateurs.


Alors, demanderez-vous peut-être, « à quels écrits se réfère-t-il, celui-là, pour soutenir une vision aussi « religieuse » du Naturisme ? !»


Oserai-je vous répondre : « D’abord au grand Livre de la Nature !». Cela vous étonne ?  Certes , je n’omets pas pour autant de rendre un hommage ému à tou(te)s celles et ceux qui m’ont guidé, dans cette vie présente , vers le rayon de bibliothèque où il s’empoussiérait un peu par ces temps d’hyper-technologie. Des noms ?  Eh bien, notez par exemple, dans le désordre et sans exhaustivité : LANZA DEL VASTO, le Maître Mikhaël AÏVANHOV, Jean ROSTAND, Arnaud DESJARDINS, François TERRASSON, Günther SCHWAB, MA ANANDAMAHI, OSHO… Mais aussi, bien sûr : KIENNE de MONGEOT, les Docteurs DURVILLE, MALKOWSKY,.. Et par dessus tous –je sais qu’ils me pardonnent !- notre « Grand Frère », JESUS de NAZARETH, accompagné de sa « Grande Sœur », MARIE de MAGDALA.

Tous, si l’on sait les lire et les « entendre avec les bonnes oreilles», sans a-priori, nous indiquent leur propre référence à eux : et c’est toujours la Création, la Nature ! Cet infini réceptacle d’évidences quant au sens manifeste de la Vie ! Tous nous disent : « Observez ! Laissez-vous porter par les ressentis intimes et premiers qu’Elle vous procure ! Ne les censurez pas avec votre « tête » ! Eprouvez-les par l’expérience du quotidien ! Donnez-leur accès à votre Conscience, autant que faire se peut par le truchement de mots justes ! Confirmez-les par les témoignages de tou(te)s celles et ceux qui ont suivi parallèlement ce Chemin ! » Et Dieu sait si l’Histoire Humaine, heureusement, en est riche ! Autant à l’ Orient qu’à l’Occident ! De l’Hymalaya à la Forêt Amazonienne ! Des temples d’Egypte aux Cathédrales d’Europe ! Des Vestales aux Béguines ! Des Bodhisattvas aux Soufis ! De Tilopa à François d’Assise !…

Authenticité et Confiance donc ! Tels semblent bien être les deux piliers de la Porte (qu’on dit  étroite! Mais ne serait-ce pas notre entendement qui l’est !) ouvrant à la plénitude de la Vie ! Deux critères aussi pour discerner les « bons pasteurs » des « faux gourous » !



VI – Comment « communiquer » sur ce thème ?

Quant à la manière et aux moyens de faire passer un tel « message » en milieu naturiste si l’on en ressent le besoin et la vocation, j’avoue ma perplexité et mon embarras.

Partant du constat qu’ « il vaut mieux ne pas mettre des pièces neuves sur les vieilles outres », pour parler comme JESUS, je serais tenté de dire : «Construisons ce Naturisme-là sur un terrain vierge ! »

Les structures existantes ont certes l’immense mérite d’exister. Mais elles sont vieillissantes ! Elles sont suturées de partout à la suite des luttes intestines misérables qui les ont ravagées tout au long de ces 50 dernières années ! Elles gèrent tant bien que mal une option somme toute « consumériste et bonne-frenquête » d’un Naturisme ramené prudemment à sa plus simple expression : le nudisme…Mais lui-même en butte à l’insidieux travail de sape d’un nouvel « ordre moral », frileux et pervers. Apeurées, elles en sont même arrivées cette année à faire sa promotion au moyen d’affiches…habillées ! Voyez la campagne promotionnelle du Club Français du Naturisme… Elles se sont laissées emporter par tous les « airs du Temps » à la mode, à base de « tolérances » tous azimuts et, in fine, fatalement contradictoires ! Elles se sont figées dans une Définition, aussi creuse qu’unanimement passe-partout, du Haut Idéal qu’elles s’évertuent encore à incarner. Elles ont ostracisé une à une toutes les « têtes » honnêtes et sincères qui émergeaient de çi de là, dedans comme hors du Mouvement, pour se proposer au pilotage du « bateau » ! Elles n’ont pas su motiver les nouvelles générations pour qu’elles se tournent en masse vers le génial paradigme de Vie dont elles se veulent jalousement les seules dépositaires alors qu’elles l’ont si peureusement mis sous le boisseau ! Que lança un jour Jésus aux prêtres de Jérusalem ? « Vous détenez les clefs du Temple ! Non seulement vous n’y entrez pas vous-mêmes, mais vous en empéchez ceux qui voudraient y entrer ! »…

 Bref, on ne peut que souhaiter que ce « bateau sans rames, sans voiles et sans gouvernail » finisse le plus rapidement possible par accoster, au hasard bienheureux des courants, sur un rivage qui saura reconnaître le trésor qu’il porte dans ses cales. Mais toujours « aux fers » pour l’instant ! À l’instar de cette Marie-Magdeleine s’échouant en Camargue il y a près de 2.000 ans, selon la Tradition, et allumant aussitôt le feu de la « Bonne Nouvelle » qui se propagea ensuite comme traînée de poudre dans toute l’Europe !

Aujourd’hui, grâce sans doute, à la crise mondiale qui a déchiré le flanc de notre arrogant « système », tel l’iceberg du Titanic, le Temps est peut-être venu de ranimer enfin ce Naturisme que nous ont légué les visionnaires du Passé. Dans toute son intégrité. Dans toute sa cohérence. Dans toute sa richesse.

Y compris donc, nécessairement dans sa dimension « spirituelle ».

C’est ce Naturisme-là qu’il s’agit de « dire » au Monde !  Ce Naturisme authentique, holistique  et tellement fécond!

Et à « Vivre d’Abord ! – l’ANEP », nous nous y employons.

La  preuve !



Michel PIVERT
Président-fondateur de l’ANEP